J'écris cet article de mon hôtel à Quimper ou je viens de terminer un procès d'assises sur deux jours. Il y a quelques mois, alors que je répondais à un chat de l'émission" toute une histoire", un message a particulièrement attiré mon attention. Il s'agissait d'une femme, manifestement en détresse, qui demandait de l'aide dans le cadre de la plainte qu'avait déposée pour sa fille à l'encontre du compagnon qu'elle avait eu pendant quelques semaines. Je découvrais alors une histoire comme, malheureusement, j'en ai déjà tellement vu. Une femme seule et ses deux enfants avaient trouvé comme palliatif à sa solitude de discuter sur des forums de discussion par Internet. Elle y fit la rencontre d'un homme qui, rapidement, se fit pressants, souhaitant la rencontrer. Elle avait fini par accepter, avait cru à cet homme et à sa sincérité. Il s'était très rapidement installé dans leur quotidien, prenant la place de père demeurée vacante depuis la naissance des enfants. Personne n'aurait pu imaginer quel était le véritable dessein de cet homme. Il a en fait, et comme c'est malheureusement souvent le cas, abusé sexuellement de la fille de cette femme, Laura, âgé de 10 ans à l'époque des faits. L'homme, après avoir reconnu partiellement les faits lors de sa garde à vue, reviendra immédiatement sur ses aveux devant le juge d'instruction et ne cessera de clamer son innocence. Malheureusement pour lui, et pour une fois, il existait des constatations matérielles qui corroboraient les dires de l'enfant. En effet, cette dernière alléguait des faits de pénétration digitale et pénienne et lorsque l'enfant fut examiné par un médecin légiste, celui-ci pu constater les deux incisures dans son hymen, correspondant très exactement à ce qu'elle avait dénoncé. Malgré cela, tout fut fait pour jeter le trouble dans l'esprit des jurés. Le passé de la maman fut utilisé, car celle-ci avait elle aussi été victime de son beau-père. La difficulté dans laquelle cette jeune fille se trouvait pour s'exprimer a failli la perdre. Finalement, au cours de ces deux jours de débats, elle a réussi, même si elle l'a fait en peu de mots, à dire la vérité de sa douleur. Les jurés lui ont dit ce qu'il était dans l'incapacité d'avouer: il était bien coupable et elle ne mentait pas. À la blessure du crime, il a à rajouter l'offense du déni.Pour moi se fut une fois encore l'occasion d'une rencontre exceptionnelle. J'aimerais tant que Laura prenne conscience que ce qu'elle a fait est héroïque. Elle vient de m'envoyer un texto pour me dire merci et me dire qu'elle me considérait comme un grand et juste. Je veux qu'elle sache que je ne pourrais l'être sans elle. Merci Laura, et comme on dit chez toi, bon vent et bonne mer !
Une mobilisation sans précédent