Il n'y a pas semble-t-il que les problemes budgetaires qui plombent le fonctionnement de notre justice.
Je reviens de Strasbourg ou une juge d'instruction m'a fait part de son desarroi.
Je venais lui rendre visite apres avoir vu un client qu'elle avait mis en examen quelques semaines auparavant.
Ce dernier, par mauvais reflexe, avait donné des explications ridicules lors de son interrogatoire de premiere comparution.
Celles ci n'étaient pas étrangères a son placement en détention provisoire;
Ma mission consistait donc à obtenir de la juge qu'elle veuille bien le reconvoquer en urgence pour recueillir cette fois ci des reponses censées de sa part et pouvoir envisager ensuite une remise en liberté.
La juge accepta immédiatement le principe de la convocation de mon client mais m'expliqua la situation qu'elle vivait depuis plusieurs semaines.
Puisque le projet de réforme prévoyant la suppression du juge d'instruction était enterré, faute de popularité suffisante,l'idée du pouvoir politique consistait à réduire les crédits de fonctionnement des cabinets d'instruction, de sorte que par exemple ma juge n'avait plus de greffier et se voyait octroyer deux demi journées par semaine un greffier pour pouvoir proceder à des auditions.
Elle m'annonça donc qu'au mieux, elle pourrait entendre mon client fin septembre !
Je me rassurais comme je pouvais en me faisant confirmer qu'il s'agissait bien de Septembre 2010.
Peut on decemment soutenir qu'il n'y a pas derrière tout cela une véritable volonté politique d'empecher le fonctionnement d'une institution indépendante, que notre Président a depuis longtemps condamné à mort ?
J'ai posé cette question à la juge qui m'a regardé comme si j'étais né de la dernière pluie, la réponse étant pour elle tellement évidente.
La recette est simple et elle a déja fait ses preuves lors de la réforme de la carte judiciaire:
Ne pas donner les moyens à une institutions de fonctionner en lui coupant les vivres.
Attendre que ce défaut de moyens entraine un fonctionnement calamiteux.
Se servir ensuite de ces dysfonctionnements pour justifier la suppression du service en question.
En attendant, les justiciables sont une fois de plus sacrifiés sans que cela ne génère d'émotion particulière.
Nous sommes les témoins de ces dérives et j'ai le sentiment qu'il rentre dans ma mission d'auxilliaire de justice de les dénoncer.