J’espère que vous nous rappelez de moi. Je m'appelle François et je vous avais raconté, il y a quelque temps, les soucis que mon papa et ma maman avaient rencontrés. Alors qu'ils étaient sur le point de m'adopter, le conseil de famille avait considéré que l'état de santé de ma maman qui avait eu quelques soucis avec l'alcool, rendait impossible mon adoption, et avait demandé que je retourne à la pouponnière.
Heureusement, mon papa et ma maman avaient contesté cette décision et ils attendaient l'arrêt à intervenir de la cour d'appel sur leur recours.
Ce soir, mon papa est rentré et m'a embrassé avec encore plus de ferveur que d'habitude. Depuis la fin de la matinée, ma maman n'arrête pas de me prendre dans ses bras et de me couvrir de baisers avec un visage radieux.
Tout à l'heure, papa et maman ont débouché une bouteille, qui a fait un drôle de bruit lorsqu'elle s'est ouverte. Ils ont trinqué, ils se sont longuement embrassés. Ils pleuraient tous les deux mais sans que cela ne me rende triste. Au contraire, leurs visages rayonnent de bonheur.
Vous vous rappelez certainement que j'ai aussi une grande sœur.
Eh bien c'est elle qui m'a expliqué ce qu’il venait de se passer. Mon papa et ma maman ont gagné leur recours et ils vont enfin pouvoir m'adopter. Je ne serais plus jamais en danger, et j'aurais enfin des parents à moi, et une famille qui m'a choisi.
Je ne verrais plus jamais ce voile d'inquiétude troubler le regard d'amour que me porte ma maman.
Je vais pouvoir porter le même nom que tous les autres membres de ma famille.
La dernière fois, je vous avais expliqué que je n'étais pas né sous les meilleurs auspices. Aujourd'hui, ma vie a changé. La roue a tourné.
J'ai une pensée pour ces juges de la cour d’appel, qui ont su privilégier mon avenir, et qui n'ont pas suivi l'avis de personnes qui ne m'ont jamais rencontré, et qui ne m'ont jamais vu évoluer dans mon milieu. C'est rassurant de savoir qu'il y a des adultes qui sont là pour me protéger, et non pas pour détruire mon tout petit début de vie.
Je ne remercierai jamais assez la dame qui travaille au conseil général et qui est si souvent venus me voir chez papa et maman. Elle nous a beaucoup aidée et a eu le courage de soutenir que ma place était bien au côté de ma famille.
Dès demain, je commence une nouvelle vie.
On va bien s'amuser !
Je vous embrasse tous très fort.