Lorsque j'étais encore jeune étudiant en droit, j'avais trouvé un travail chez un avocat qui consistait à faire les photocopies, vider les cendriers, ou encore amener des cafés aux patrons.
J'avais eu l'occasion de rencontrer dans ce cabinet un ancien avocat, puisqu'il avait été bâtonnier de Madagascar,et qui un jour m'avait posé la question de savoir si j'avais une idée sur ce qui était la principale occupation de l'avocat.
Mon cerveau s'est retrouvé pris dans une tourmente incroyable et je cherchais quelque chose d'intelligent à dire :
l'éloquence, convaincre, défendre.
Il a fini par me regarder en me disant que la principale occupation de l'avocat,... c'était l'attente.
Il ne pouvait pas mieux dire.
Je suis allé aujourd'hui plaider un dossier à Riom, soit à 415 km de mon cabinet.
J'ai donc mis 4:30 pour m'y rendre, j'ai ensuite attendu 1:30 avant que mon affaire ne soit appelée.
J'ai mis toute mon éloquence dans une plaidoirie qui a duré environ huit minutes…
Je suis rentré dans ma voiture et 4:30 plus tard, j'étais de retour à mon cabinet.
Le pire, c'est de savoir que pendant qu'on attend, le travail s'amoncelle au cabinet. Lorsqu'on est jeune avocat, c'est idée vous est insupportable. Puis, petit à petit, et certainement pour éviter l'ulcère, on finit par relativiser ce temps qui n'est finalement pas si perdu que cela. C'est un moment où l'on peut réfléchir, se laisser aller, voire même à l'ennui, ce qui somme toute n'est pas désagréable.
C'est seulement depuis quelques années que j'arrive à concevoir ces périodes d'attente comme des périodes de pause, voire de repos.
Ceci étant, 800 km dans la journée, c’est assez difficile à concevoir comme une période de repos, même si la voiture est confortable, et que la musique est agréable… !
Ce n'est que lorsque je connaitrais la décision qui sera rendue ensuite de mes 8 minutes de plaidoirie, que j'aurais alors le sentiment, ou non, d'avoir peut-être un peu perdu mon temps.