Trois filles et un garçon, tous frères et sœurs, de nationalité colombienne, sont adoptées par un couple de français résidant dans le Vaucluse.
Luz Alba et Flor, vont dénoncer leur père adoptif coupable d’attouchements sexuels sur leurs personnes.
Flor trouve son salut dans la révolte. Elle est d’ailleurs celle par qui le scandale est arrivé.
Elle a dénoncé les faits après avoir été retrouvé par les services de police, errant pieds nus dans les rues de Montélimar. Elle était en fugue depuis plusieurs semaines, ou plus exactement, avait été mise à la porte de la maison familiale le jour de ses dix huit ans.
Luz Alba, qui dans un premier temps avait accepté son nouveau prénom d’Hélène, n’avait rien dit. Elle avait même soutenu son père contre les accusations de sa sœur. Elle était certainement celle qui avait le plus souffert dans sa petite enfance en Colombie. Elle vouait à sa mère adoptive un amour sans borne, nécessaire à sa survie. Elle se sentait si bien dans son nouveau foyer, en sécurité.
L’idée de perdre à nouveau ceux qui étaient devenus sa famille était intolérable, mais les visites nocturnes de son père dans sa chambre l’étaient tout autant…
Un soir, elle marcha jusqu’au Pont Dalladier qui enjambe le Rhône en Avignon.
Elle se jeta du haut du pont dans les eaux noires du fleuve, et n’eut la vie sauve que parce que la scène avait eu lieu sous les yeux d’un homme qui promenait son chien sur les bords du Rhône et qui n’avait pas hésité à se jeter à l’eau pour la repêcher.
C’est à l’hôpital ou elle est avait été conduite qu’elle avait craquée et révélée son calvaire.
Le père est interpellé et placé en garde à vue. Il nie en bloc, et dresse un portrait monstrueux de ses filles, menteuses, méchantes, ne voulant qu’une chose : détruire leur couple et leur nuire, surtout Flor.
Pour Hélène, les explications sont plus embrouillées, tant cette dernière est aux antipodes de sa sœur.
Il aura à leur égard des paroles d’une extrême dureté déclarant qu’il regrettait amèrement de les avoir adoptées.
L’homme est placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’être en contact avec ses filles.
Hélène est envoyée chez sa marraine en région parisienne. Mais cette femme est la fille de sa tante, la sœur de sa mère. Cette dernière fera vivre un enfer à Hélène, qui finira par ne plus se constituer partie civile, mais maintiendra ses déclarations. Elle ne voulait qu’une chose et elle a la certitude qu’elle ne l’obtiendra pas : que son père dise la vérité. Elle n’a plus la force d’affronter le mensonge de cet homme qu’elle voulait tant aimer et qui l’a renié.
Après avoir été en contact quasi journalier avec ses deux jeunes clientes, Marc va passer un long moment sans avoir de nouvelles d’Hélène. Elle a évidemment raté son bac, quelques mois après son arrivée en région parisienne. L’année suivante sera pour Hélène une grande traversée dans une solitude affective totale, si ce n’est les quelques gestes d’affection que sa marraine arrivera à dissimuler à sa propre mère.
Elle se réfugie alors dans les études et arrive, avec l’aide de son avocat et des services sociaux, à intégrer un internat, qu’elle vivra comme un havre de paix.
Hélène reprend alors son prénom colombien, et c’est le signe pour Marc qu’elle est enfin prête à affronter la vie et le procès. Luz Alba a en effet décidé de se porter à nouveau partie civile lors du procès. Elle a pu lors des longs échanges par E mails avec son avocat faire taire ses peurs et se préparer à affronter le regard de cette famille qui n’est presque plus la sienne. Elle garde au fond d’elle une once d’espoir de voir sa mère accepter la vérité. Elle sait que ce procès risque d’être source de souffrance intolérable, mais nécessaire une fois encore, pour envisager de se reconstruire.
Le procès sera à la hauteur des plus grandes craintes des deux filles, laissant apparaître un couple exempt du moindre sentiment positif à l’égard des deux sœurs au point de provoquer un malaise dans toute la salle d’audience. Mais la mère n’osera jamais affronter le regard de ces deux filles, signe qu’au fond d’elle-même, cette femme sait.
Marc démontrera à quel point leurs paroles ne peuvent être mises en doute. Elles leur coûtent tellement…
L’homme sera condamné à une peine de prison avec sursis, une obligation de soin lui étant imposée. L’homme ne fit pas appel de la décision, ce qui suffit à Luz Alba et Flore pour être considéré comme une reconnaissance des faits qui lui était reprochés, un aveu a posteriori, comme le leur avait dit Marc et elles entendaient bien s’en servir pour commencer à revivre.