J'espère que vous avez été nombreux à regarder l'émission « spécial investigations » sur Canal+ le 24 septembre dernier.
Elle vous aura permis de croiser la route d'un jeune garçon dont j'ai fait la connaissance alors qu'il avait 12 ans. Il venait de perdre son père dans des conditions abominables.Il avait été tué d'un coup de fusil de chasse dans son lit.
Après quelques mois d'enquête c'est sa mère qui était accusée de ce crime alors qu'elle clamait avec force son innocence.
J'ai plaidé cette affaire à trois reprises. La première fois devant la cour d'assises d'Avignon ou la mère a été condamnée à 12 ans de réclusion criminelle.
Elle a fait appel de cette décision à la cour d'assises d'appel de Nîmes a confirmé le verdict de culpabilité et sa condamnation.
La Cour de Cassation a cassé l'arrêt rendu par la cour d'appel de Nîmes et un troisième procès s'est tenu devant la cour d'assises de Lyon.
Par trois fois, j'ai clamé l'innocence de cette femme car même si je n'étais pas son avocat, j'étais celui de son fils et dans la théorie de l'accusation, ce dernier prenait une part non négligeable au maquillage de la scène du crime de son propre père.
Aujourd'hui, ce garçon à 24 ans. Il a donc vécu la moitié de sa vie avec cet énorme poids de culpabilité sur les épaules et cette rage sourde que l'on ne peut ressentir que lorsque l'on vit la plus profonde injustice.
Ce reportage, réalisé par Manu Charlot, a balayé très objectivement tous les éléments dits à charge dans ce dossier. Il a démontré à quel point il ne s'agissait que d'un dossier de conviction policières et non pas d'éléments objectifs, amenant à la culpabilité prétendue de cette femme.
Le plus marquant pour moi fut d’y voir figurer une des femmes qui avaient siégé en qualité de juré devant la cour d'assises de Lyon. C'est la première fois en 25 ans de carrière que je vois un juré oser expliquer la manière dont les choses se sont déroulées dans la salle des délibérés. Il a fallu que cette femme ressentent-elles aussi une profonde injustice pour accepter de parler devant la caméra. Ce qu'elle nous a confirmé et ce que nous redoutons le plus. La capacité des un à influencer les autres, et par voie de conséquence, à dénaturer la mission qui est la leur.
Rien, dans ce reportage, n'a été tronqué. Il s'agit de la stricte vérité des éléments de ce dossier, ou plutôt de leur absence . On peut se poser la question de savoir pourquoi, alors qu'un journaliste a pu effectuer des investigations qui ont, semble-t-il, mis à néant la thèse de l'accusation, un juge d'instruction, qui est pourtant payé pour ça, n'a jamais pris soin de pousser les investigations suffisamment loin pour qu'elles laissent apparaître des éléments à décharge et non pas seulement, comme toujours, des éléments à charge.
Quoi qu'il en soit, un recours en révision a été déposé par un de nos confrères parisiens et la décision devrait être rendue le 22 octobre. Je forme le voeu que la cour de révision prenne la mesure des errements passés et, même si le fait est rarissime, qu'elle accepte que de nouvelles investigations soient faites, et qu'un nouveau procès puisse avoir lieu. C'est tout l'honneur d'une justice que d'accepter l'idée qu'elle ait pu se tromper.
Dans ce cas, j'en suis convaincu.
J'espère qu'ainsi, Brice pourra enfin considérer les institutions de son pays et non pas les mépriser comme c'est le cas aujourd'hui.
C'est promis, j'essaierai d'être plus assidu à mon blog, mais d'autres travaux d'écriture m'en ont tenu éloigner pendant ces derniers mois.
Je m'excuse auprès de mes quelques lecteurs et les assure de ma régularité future… Promesse d’avocat !!!