Bête noire


Je viens de finir l'ouvrage que mon confrère et ami Éric Dupont Moretti  a coécrit avec le journaliste du Figaro Stéphane Durand-Souffland et qui parle,… de lui.

Plus exactement, Éric Dupont Moretti vous permet de rentrer de plein pied dans l'univers très intime des avocats pénalistes. Au travers des affaires qu'il a pu plaider, il vous fait partager le quotidien de l'avocat, toujours en lutte contre un système établi et contre des certitudes qui n'en sont pas. Il donne aussi des clés de compréhension du métier que nous exerçons. Si grâce à la lecture de ce livre le public comprend que l'avocat n'est pas là pour faire de la morale mais pour faire du droit, il peut alors accepter que cet avocat défende toutes les causes. 

Éric Dupont Moretti résume ce concept en une phrase : « je peux défendre un révisionniste mais je ne défendrais jamais le révisionnisme ».

Il rappelle aussi un élément fondamental de notre métier. La plupart des dossiers que nous plaidons consiste à accompagner des gens qui reconnaissent les faits qui leur sont reprochés. Aller chercher au fond d'une âme aussi tourmentée soit-elle, l’once d'humanité que tout à chacun devrait pouvoir trouver est loin de me déplaire.

J'aime aussi lorsqu'ils vous expliquent nos peurs, nos angoisses, nos tripes nouées et le souci que l'on se fait,  qui dépassent parfois de très loin celui du principal intéressé. Je ne sais pas si, à ses yeux, je fais partie de la famille des pénalistes qui se reconnaissent d'un regard, mais je me sens chez moi avec eux. J'admire nombre d'entre eux de pouvoir puiser l'énergie nécessaire pour aller chercher l'humanité là où il est si difficile de la trouver parfois.

 J'ai eu l'honneur et le privilège de plaider un dossier devant la cour d'assises de Lyon où je j'assistais un jeune adolescent dont le père avait été tué et qui voyait sa mère accusée du crime. J'étais constitué partie civile, mais comme il l’explique aussi dans son ouvrage, la partie civile n'a pas nécessairement le même avis sur la culpabilité que le ministère public. C'était bien évidemment le cas de ce jeune garçon. Éric Dupont Moretti défendait le demi-frère de ce garçon le fils de la mère. J'ai admiré pendant 15 jours le combat sans relâche de cet homme pour laisser l'arbitraire en dehors de la salle d'audience. Il s'est battu comme un lion, nous l'avons aidé de notre mieux, mais cela n'a pas suffi et cette femme a été condamnée. Cela me rappelle le parallèle qu’avait fait un jour devant moi Henri Leclerc avec qui j'ai eu aussi l'insigne honneur de plaider, qui disait que les avocats sont comme la chèvre de M. Seguin. Ils se battent avec courage et ferveur toute la nuit, toute la nuit ils se défendent bec et ongle. Mais au matin, malgré toute la force qu'ils ont pu déployer, ils sont souvent mangés.

Il faut lire ce livre, car en comprenant mieux cet homme, vous comprendrez alors mieux vos institutions judiciaires. Vous comprendrez mieux pourquoi nous sommes nombreux à considérer que l'indépendance et le corporatisme sont deux notions bien étrangères l'une de l'autre.

Enfin, s'il ne devait rester qu'une raison pour lire ce livre, c'est que sa lecture vous permettra de comprendre que souvent, derrière des ego surdimensionnés, et des personnalités encombrantes mais tellement efficaces, se cache souvent une âme d'une fragilité extrême.


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